© Fabrice Pellé

La fonction publique en burn-out

par Stéphane Vincent, rédacteur en chef adjoint / janvier 2023

Epuisés, découragés… Ces dernières années, le débat public s’est fait l’écho régulièrement de la détresse exprimée par des fonctionnaires… A l’hôpital, mais aussi dans l’enseignement, la justice, etc. Ce n’est pas un concours de circonstances. Il faut y voir le résultat d’une modernisation de l’Etat menée sans concertation avec les agents, souvent au détriment de leurs conditions de travail. La mise en œuvre du concept de New Public Management et les réformes lancées depuis 2007 se sont accompagnées, entre autres, de réductions d’effectifs, de l’instauration d’une politique du chiffre et de logiques de production inspirées du privé, peu compatibles avec le maintien d’un service public de qualité. Une source de souffrance éthique pour les agents, qui ne peuvent plus mener à bien leur travail. Mais cela ne s’arrête pas là. Car les fonctionnaires, au sein de l’Etat, à l’hôpital ou dans les collectivités locales, sont particulièrement mal lotis en matière de prévention des risques professionnels. Du fait notamment d’un cadre réglementaire peu contraignant pour les employeurs, de pouvoirs limités accordés aux préventeurs, d’une tendance aussi des agents à s’oublier dans l’exercice de leurs missions, les atteintes à la santé liées au travail sont invisibilisées dans la fonction publique. Un voile pesant qu’il s’agit de lever, ce que des administrations et acteurs de terrain tentent de faire, non sans difficulté.

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La lutte exemplaire des amiantés du Tripode

par Nolwenn Weiler / janvier 2023

Confrontés à une présence massive d’amiante, les agents de différents ministères travaillant dans les tours de bureaux du Tripode, à Nantes, ont mené un long combat pour obtenir leur relogement et la reconnaissance de leurs maladies professionnelles. Récit.

Il y avait de l’amiante partout, au Tripode. Dans les plafonds et les cages d’escalier, derrière les façades, sur les poutres et les poteaux de la structure, au creux des conduits du vide-ordures, dans les colles et les carrelages… Ce bâtiment administratif sorti de terre en 1970, à Nantes, n’aura pas servi longtemps. Sous la pression d’une intersyndicale très soudée, l’ensemble de trois tours de 18 étages de bureaux a été évacué en 1992 et détruit en 2005, après enlèvement de 350 tonnes d’amiante. Environ 1 800 personnes y ont travaillé : des fonctionnaires de l’Insee, du Trésor public et des Affaires étrangères, mais aussi les personnels du restaurant et de la maintenance générale. Des dizaines d’entre elles sont tombées malades du fait de leur exposition à l’amiante. Certaines en sont mortes.
« Dans les bureaux, tous les plafonds étaient floqués à l’amiante », décrit Francis Judas, fonctionnaire de l’Insee aujourd’hui à la retraite. Membre de la CGT, il est la cheville ouvrière de l’intersyndicale du Tripode. Il se rappelle que les flocages, très friables, ne supportaient pas bien les travaux régulièrement menés à l’intérieur du bâtiment. « Quand on bougeait les cloisons pour...

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