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Intelligence artificielle : le risque d’un travail déshumanisé

par Nathalie Quéruel / janvier 2021

Chez Pôle emploi, les algorithmes moulinent, secondant les conseillers qui accompagnent les chômeurs. L’industriel Safran expérimente des cobots qui, besognant aux côtés des ouvriers, les délestent de tâches répétitives. Chez Publicis, un outil d’intelligence artificielle assemble, le temps d’un projet, des équipes virtuelles et éphémères de par le monde... Les technologies émergentes sont bel et bien à pied d’œuvre, dessinant dès maintenant l’avenir du travail. Pour le meilleur ou pour le pire ? On pourrait se réjouir qu’elles soulagent les salariés d’activités fastidieuses, pénibles ou ingrates, leur permettant de développer d’autres compétences enrichissantes. Ou, au contraire, s’inquiéter qu’elles les privent de tâches essentielles qui donnent sens à leur métier, les cantonnant dans des emplois précaires et sous-payés. On pourrait tout autant s’enthousiasmer pour l’autonomie qu’elles peuvent donner aux travailleurs que s’effrayer du contrôle qu’elles sont capables d’exercer sur eux. Rien n’est cependant écrit. A quelles conditions ces technologies, qui entremêlent plus étroitement l’homme et la machine dans la production de biens ou de services, ne seront-elles pas dommageables, notamment pour la santé des salariés ? Il est essentiel que ces derniers participent à la réflexion sur leur déploiement et leur usage, pour que la redistribution des rôles soit positive. Et il revient aux représentants du personnel de mettre sur la table ce débat sur le travail d’un genre inédit.

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Potion amère pour les préparateurs en pharmacie

par Elsa Fayner / janvier 2021

Dans certains hôpitaux, l’automatisation du stockage, du transport et de la dispensation des médicaments a transformé l’activité de pharmacie. Avec moins de tâches pénibles mais aussi moins de sens pour le métier de préparateur, plus éloigné du soin

C’était le monde d’avant la robotisation des pharmacies hospitalières. Le préparateur analysait dans leur ensemble les prescriptions de médicaments délivrés aux malades et veillait à leur validité : indications, posologies, effets indésirables, interactions médicamenteuses, surdosages, etc. Il donnait des conseils de bon usage aux soignants, voire aux patients, et pouvait consulter le pharmacien en cas de doute. Aujourd’hui, dans un hôpital parisien dont la pharmacie intérieure a été automatisée, le travail est différent : les préparateurs ont une liste de boîtes de médicaments à fournir à chaque service de l’établissement, la prescription ayant été validée informatiquement par les pharmaciens.
Entre ces deux périodes, le métier a dû faire face à plusieurs bouleversements : scandale du sang contaminé, nouvelles pratiques gestionnaires à l’hôpital, exigences accrues de performance. En 2005, la réforme du système de santé a ainsi introduit le contrat de bon usage des médicaments, visant à instaurer une traçabilité systématique sur l’ensemble du circuit. La tarification à l’activité (T2A), en poussant à la rotation des malades occupant les lits, a conduit à une augmentation de la...

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