SNCF : des rames amiantées au rebut

par Eliane Patriarca / 06 octobre 2022

En novembre 2020, la fédération SUD Rail avait déposé plainte contre X, pour mise en danger de la vie d’autrui : des dizaines de cheminots chargés de la maintenance des wagons de fret à la SNCF étaient en effet exposés à l’amiante (lire cet article de Santé & Travail). Un minéral cancérigène interdit en France depuis 1997 et dont l’entreprise ferroviaire était censée s’être totalement débarrassée depuis, mais qui avait été retrouvé quelques mois plus tôt dans certaines rames. Dans l’atelier de maintenance d’Ambérieu-en-Bugey (Ain), notamment, des cheminots avaient découvert que les pièces qu’ils manipulaient quotidiennement étaient composées de matériaux amiantés, ainsi que l’avait révélé Santé & Travail en juillet 2019.
Le 24 septembre dernier, deux ans plus tard, la direction TER Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) a annoncé au CSE la « radiation anticipée de l’intégralité du parc de matériel Z2 », les automotrices amiantées, construites, selon les séries, de 1980 à 1988. La flotte régionale en comptait 24 dont la majorité circulait dans les vallées alpines (Chambéry-Modane ; Chambéry- Bourg-Saint-Maurice). La radiation, décidée en concertation avec l’autorité organisatrice du transport ferroviaire, la région Aura, se fera de manière progressive, les 15 dernières rames devant être sorties de la flotte fin 2023.
Une décision qui prouve la pertinence de l’alerte sanitaire lancée par les cheminots et leurs délégués syndicaux. L’exploitation des rames Z2 avait d’ailleurs été suspendue provisoirement depuis février par la direction TER Aura, arguant « des contraintes d’exploitation et de maintenance de ces matériels ». Mais SUD Rail craint que cette mise au rebut anticipée des Z2 ne conduise aussi à « enterrer » le dossier amiante et la plainte déposée. Dans son courrier au CSE, la direction n’a pas annoncé de mesures spécifiques sur le suivi post-professionnel des agents ayant travaillé sur ces wagons, ni de mise en place de fiches d’exposition individuelle, comme le réclament les délégués syndicaux. Avec les rames risquent aussi de disparaitre les « preuves » du danger auquel ont été exposés ces agents.