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La santé au travail, nouvel enjeu de société

par Stéphane Vincent / octobre 2011

En 1991, l'amiante était encore une menace diffuse, dénoncée par certains cercles militants, mais largement occultée par celle du chômage. Il y a vingt ans, la souffrance psychique, les troubles musculo-squelettiques, les effets du vieillissement au travail étaient encore des sujets d'étude ou de discussion entre experts. Que de chemin parcouru depuis ! Le scandale lié aux dizaines de milliers de cancers professionnels de l'amiante et ses suites judiciaires ont changé la donne. La santé au travail est devenue une affaire d'Etat, et sa préservation un nouveau principe juridique placé au-dessus de la liberté d'entreprise. Les effets des mutations économiques de ces vingt dernières années sur le travail et la santé - des suicides à la pénibilité, en passant par l'intensification - et leur prévention sont aussi au coeur du débat public aujourd'hui. Avec une certitude : il est non seulement nécessaire mais aussi possible de transformer le travail, afin d'en faire un vecteur de santé et non de maladie.

" Des usures inquiétantes chez les femmes "

par Isabelle Mahiou / octobre 2011

Les femmes restent vouées aux tâches répétitives et à la relation d'aide. Médecin du travail, Fabienne Bardot constate l'usure provoquée par une pression temporelle croissante chez les salariées des secteurs de la logistique et du soin.

Peut-on parler d'une usure spécifique des femmes liée au travail ?

Fabienne Bardot : On parle beaucoup aujourd'hui de risques psychosociaux, et il est vrai que les pathologies neuropsychiques représentent une part importante des problèmes de santé des femmes, mais il existe une pénibilité physique du travail qui n'a pas disparu. C'est quand même le corps qui prend. On le voit avec les TMS [troubles musculo-squelettiques, NDLR] : les femmes ne sont pas affectées de la même façon que les hommes ; elles sont davantage qu'eux atteintes dans les membres supérieurs, les hommes souffrant plus souvent du dos. Par ailleurs, ils déclarent moins de maladies professionnelles, mais celles-ci sont plus graves - comme les cancers - et les séquelles permanentes sont, me semble-t-il, plus répandues chez eux que chez les femmes.

Comment s'expliquent ces différences ?

F. B. : Ce n'est pas un hasard. La division sexuelle du travail persiste : aux hommes les charges lourdes, les machines, les travaux dangereux, aux femmes la relation d'aide ou les tâches répétitives demandant habileté et dextérité. Ce n'est pas nouveau, mais il y a une pression temporelle croissante, dont on sait qu'elle a...

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