© Fanny Monier

Pour un renouveau de la santé au travail

par Stéphane Vincent / octobre 2021

Trente ans après la création de Santé & Travail, quel bilan peut-on faire de la prévention des risques professionnels ? Pour quelles perspectives ? Voilà en résumé le point de départ de ce dossier spécial. Avec un premier constat : si ces dernières décennies ont vu les connaissances s’accumuler sur les facteurs de risque liés au travail, tant psychiques que physiques, la prévention patine. Les troubles musculosquelettiques et les risques psychosociaux font désormais partie du paysage, sans qu’il semble possible d’en venir à bout. Le risque chimique est mieux pris en charge mais de nombreuses zones d’ombre demeurent. Il faut dire que l’accélération des changements dans les entreprises et institutions handicape sérieusement la prévention, qui s’inscrit sur le temps long. Il existe néanmoins des pistes pour faire mieux et autrement. Elles impliquent une réflexion plus globale sur le fonctionnement des organisations, les critères de performance, les interactions entre l’activité de travail, l’environnement, le vieillissement de la population active… Une démarche qui peut sembler théorique, complexe, mais qui pour réussir doit s’ancrer sur le terrain, sur les aspects concrets du travail réel. Comme en attestent les exemples dans les pages qui suivent : des actions en apparence limitées peuvent avoir des effets positifs plus durables que de grands chantiers. Une approche renouvelée de la prévention, modeste et ambitieuse à la fois.

© Fanny Monier
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A la recherche d’un travail soutenable

par Catherine Delgoulet, titulaire de la chaire d’ergonomie au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) / octobre 2021

Le vieillissement de la population active demande de repenser la prévention de l’usure professionnelle et les démarches de maintien dans l’emploi. En adoptant une perspective plus prometteuse, permettant de construire sa santé et de développer ses compétences.

Les débuts du magazine Santé & Travail sont contemporains, à deux ans près, de la première d’une longue série de réformes des retraites, ayant toutes eu un objectif commun : retarder les départs des salariés. Ainsi, elles ont successivement allongé le nombre d’années de cotisation (de 37,5 à 40 annuités, en 1993 pour le secteur privé et en 2003 pour le secteur public), repoussé l’âge légal de départ et l’âge de versement d’une retraite à taux plein (respectivement de 60 à 62 ans et de 65 à 67, en 2010), rehaussé progressivement la durée d’assurance minimale pour une retraite à taux plein (de 166 trimestres à 172, en 2014).
Dans ce contexte, la santé au travail s’est invitée dans les débats de deux façons. Il s’est agi de prendre en compte, dans un esprit d’équité sociale, le fait que des contraintes ou nuisances du travail, au fil de la carrière des salariés, influencent la durée et la qualité de leur retraite. Les travaux de l’Institut national d’études démographiques (Ined) ont, par exemple, bien documenté la « double peine » des ouvriers, dont l’espérance de vie et, a fortiori, l’espérance de vie sans incapacités sont moindres que celles des cadres et professions...

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