© Fanny Monier

Pour un renouveau de la santé au travail

par Stéphane Vincent / octobre 2021

Trente ans après la création de Santé & Travail, quel bilan peut-on faire de la prévention des risques professionnels ? Pour quelles perspectives ? Voilà en résumé le point de départ de ce dossier spécial. Avec un premier constat : si ces dernières décennies ont vu les connaissances s’accumuler sur les facteurs de risque liés au travail, tant psychiques que physiques, la prévention patine. Les troubles musculosquelettiques et les risques psychosociaux font désormais partie du paysage, sans qu’il semble possible d’en venir à bout. Le risque chimique est mieux pris en charge mais de nombreuses zones d’ombre demeurent. Il faut dire que l’accélération des changements dans les entreprises et institutions handicape sérieusement la prévention, qui s’inscrit sur le temps long. Il existe néanmoins des pistes pour faire mieux et autrement. Elles impliquent une réflexion plus globale sur le fonctionnement des organisations, les critères de performance, les interactions entre l’activité de travail, l’environnement, le vieillissement de la population active… Une démarche qui peut sembler théorique, complexe, mais qui pour réussir doit s’ancrer sur le terrain, sur les aspects concrets du travail réel. Comme en attestent les exemples dans les pages qui suivent : des actions en apparence limitées peuvent avoir des effets positifs plus durables que de grands chantiers. Une approche renouvelée de la prévention, modeste et ambitieuse à la fois.

© Nathanaël Mergui-FNMF et Christophe Boulze
© Nathanaël Mergui-FNMF et Christophe Boulze

Comment le CSE peut-il faire oublier le CHSCT ?

par Corinne Renou-Nativel François Desriaux / octobre 2021

La disparition du CHSCT, fusionné avec les autres instances représentatives du personnel au sein du CSE, constitue un handicap pour la prise en charge des questions de santé au travail en entreprise. Elise Galioot, ergonome au cabinet Alternatives ergonomiques et François Cochet, directeur des activités santé au travail du cabinet Secafi expliquent comment faire avec, malgré tout.

Quel bilan faites-vous de la mise en place du CSE et de la disparition du CHSCT ?
François Cochet : Les perturbations engendrées par la crise sanitaire rendent difficile un point de vue définitif. Les problèmes ont émergé là où les employeurs ont imposé une centralisation du dialogue social. Impossible de bien travailler quand dix ou quinze CHSCT d’établissements ont été fusionnés en un seul CSE dont les réunions durent trois jours ! Lorsqu’un réseau de représentants de proximité n’a pas été négocié, les CSE sont devenus des instances hors sol.
Éloïse Galioot : Avec la disparition de CHSCT représentatifs de périmètres géographiques ou de typologies d’emplois, les élus ont moins la capacité de faire état des difficultés concrètes du travail. Tout ce qui fait la complexité du travail et le sens du détail sont perdus. De plus, le CSE est noyé dans la somme de toutes les questions à traiter. Mais nous constatons que là où les instances CHSCT et CE fonctionnaient ensemble chacune dans son rôle et se coordonnaient, l’articulation entre les volets économique et social et santé-sécurité se poursuit au sein des CSE.
F. C. : Pour être intéressantes et avoir des chances d’être mises en œuvre...

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