© Fanny Monier

Pour un renouveau de la santé au travail

par Stéphane Vincent / octobre 2021

Trente ans après la création de Santé & Travail, quel bilan peut-on faire de la prévention des risques professionnels ? Pour quelles perspectives ? Voilà en résumé le point de départ de ce dossier spécial. Avec un premier constat : si ces dernières décennies ont vu les connaissances s’accumuler sur les facteurs de risque liés au travail, tant psychiques que physiques, la prévention patine. Les troubles musculosquelettiques et les risques psychosociaux font désormais partie du paysage, sans qu’il semble possible d’en venir à bout. Le risque chimique est mieux pris en charge mais de nombreuses zones d’ombre demeurent. Il faut dire que l’accélération des changements dans les entreprises et institutions handicape sérieusement la prévention, qui s’inscrit sur le temps long. Il existe néanmoins des pistes pour faire mieux et autrement. Elles impliquent une réflexion plus globale sur le fonctionnement des organisations, les critères de performance, les interactions entre l’activité de travail, l’environnement, le vieillissement de la population active… Une démarche qui peut sembler théorique, complexe, mais qui pour réussir doit s’ancrer sur le terrain, sur les aspects concrets du travail réel. Comme en attestent les exemples dans les pages qui suivent : des actions en apparence limitées peuvent avoir des effets positifs plus durables que de grands chantiers. Une approche renouvelée de la prévention, modeste et ambitieuse à la fois.

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Une démarche préventive aiguisée en agriculture

par Joëlle Maraschin / octobre 2021

Il y a vingt ans, la Mutualité sociale agricole a lancé une action de prévention des troubles musculosquelettiques dans les abattoirs autour de l’affilage des outils de découpe. Une initiative originale reprise depuis dans d’autres secteurs agricoles.

Le travail au couteau est au cœur des métiers des abattoirs. Et un couteau qui coupe mal peut contribuer à la survenue d’accidents du travail et de troubles musculosquelettiques (TMS). Avec un outil mal aiguisé, le salarié va en effet forcer, se fatiguer, réaliser un nombre de gestes plus importants. Il devra accélérer son rythme de travail pour tenir les cadences, aura moins de temps pour entretenir la lame de son outil, ce qui risque de dégrader un peu plus la qualité de coupe… Un véritable cercle vicieux. C’est sur la base de ce constat, documenté par une étude d’ergonomes québécois, que la Mutualité sociale agricole (MSA) a lancé à la fin des années 1990 la démarche dite « du couteau qui coupe ». Menée dans une dizaine d’abattoirs, cette action visait à former les salariés à l’affilage de leurs outils et à sensibiliser les décideurs.
Si l’affûtage des couteaux est généralement centralisé, l’affilage au poste de travail consiste à conserver le plus longtemps possible le fil et l’angle du taillant donnés par l’affûtage. Cette opération est réalisée par chaque ouvrier, en passant la lame du couteau sur un fusil ou des broches croisées. Un geste professionnel complexe, qui...

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