© Fanny Monier

Pour un renouveau de la santé au travail

par Stéphane Vincent / octobre 2021

Trente ans après la création de Santé & Travail, quel bilan peut-on faire de la prévention des risques professionnels ? Pour quelles perspectives ? Voilà en résumé le point de départ de ce dossier spécial. Avec un premier constat : si ces dernières décennies ont vu les connaissances s’accumuler sur les facteurs de risque liés au travail, tant psychiques que physiques, la prévention patine. Les troubles musculosquelettiques et les risques psychosociaux font désormais partie du paysage, sans qu’il semble possible d’en venir à bout. Le risque chimique est mieux pris en charge mais de nombreuses zones d’ombre demeurent. Il faut dire que l’accélération des changements dans les entreprises et institutions handicape sérieusement la prévention, qui s’inscrit sur le temps long. Il existe néanmoins des pistes pour faire mieux et autrement. Elles impliquent une réflexion plus globale sur le fonctionnement des organisations, les critères de performance, les interactions entre l’activité de travail, l’environnement, le vieillissement de la population active… Une démarche qui peut sembler théorique, complexe, mais qui pour réussir doit s’ancrer sur le terrain, sur les aspects concrets du travail réel. Comme en attestent les exemples dans les pages qui suivent : des actions en apparence limitées peuvent avoir des effets positifs plus durables que de grands chantiers. Une approche renouvelée de la prévention, modeste et ambitieuse à la fois.

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L’Europe, moteur de la prévention du risque cancérogène

par Henri Bastos, directeur scientifique santé travail à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) / octobre 2021

Les règlements européens sur les produits chimiques, en favorisant la substitution des plus dangereux, ont permis de limiter les expositions aux cancérogènes. Certains d’entre eux échappent néanmoins à ces dispositifs. Un enjeu pour la prévention.

En 2017, 9,7 % des salariés ont été exposés en France à au moins un produit chimique cancérogène. C’est ce que révèle la dernière édition de l’enquête Surveillance médicale des expositions des salariés aux risques professionnels (Sumer), coordonnée par le ministère du Travail depuis 1994. Celle-ci permet une analyse longitudinale des expositions professionnelles aux cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction (CMR). Ainsi, les 9,7 % de salariés exposés en 2017, soit environ 1,8 million de personnes, représentent une proportion stable depuis 2010, mais en recul de 4,1 points par rapport à 2003. Un constat plutôt encourageant, qui tendrait à démontrer que les efforts de prévention commencent à porter leurs fruits.
Dans les faits, cette évolution doit sûrement beaucoup aux dispositifs réglementaires mis en œuvre sous l’impulsion de l’Europe ces quinze dernières années, qui ont amélioré la prise en charge des risques liés aux CMR. Parmi ces dispositifs figure l’emblématique règlement Reach, acronyme anglais pour « enregistrement, évaluation et autorisation des substances chimiques ». Entré en vigueur en 2007, après plusieurs années d’âpres négociations, il constitue une...

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