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Ce travail qui plombe le sommeil

par François Desriaux / juillet 2015

Dis-moi comment tu dors et je te dirai comment est ton travail... Il est maintenant bien établi que la plupart des contraintes physiques et psychiques de travail peuvent avoir une influence néfaste sur le sommeil, en termes de durée et de qualité. Il y a bien sûr le travail en horaires alternants, de nuit, et les longues journées. Mais pas seulement. L'insatisfaction dans son travail, le travail répétitif sous pression temporelle, la difficulté à concilier vie professionnelle et vie personnelle ou encore les efforts physiques lourds vont venir perturber le sommeil. Et c'est encore plus net avec le fait de devoir effectuer des choses que l'on désapprouve. Or ces troubles du sommeil ne sont pas bons pour la santé. Les mécanismes inflammatoires qu'ils déclenchent peuvent déboucher à la longue sur des pathologies chroniques lourdes. Ce n'est pas rien, surtout avec une population de travailleurs âgés qui augmente du fait du recul de l'âge de la retraite. S'inquiéter des troubles du sommeil chez les salariés quand on est médecin du travail ou élu de CHSCT n'est donc pas superflu. C'est même une façon de garder les yeux grands ouverts sur la santé au travail.

Mener l'enquête sur le sommeil des salariés

par Annie Deveaux médecin du travail / juillet 2015

Mal identifiés ou pris en charge, les troubles du sommeil sont source de risques pour les salariés et peuvent être liés au travail. Médecins du travail et généralistes doivent conjuguer leurs efforts pour en préciser le diagnostic et les causes.

L'être humain est un mammifère diurne, dont le sommeil est rythmé par trois horloges : biologique, nycthémérale (liée à l'alternance du jour et de la nuit) et sociale. Les deux premières sont synchronisées par son système visuel et l'intervention de différentes hormones. La dernière peut venir dérégler les précédentes. En un siècle, l'être humain a ainsi réduit la durée moyenne de son sommeil d'environ 90 minutes. Cette "privation chronique de sommeil" reflète l'impact des modes de vie et de travail. Sans devenir pour autant un enjeu de prévention, car le rôle essentiel du sommeil pour la santé est trop souvent sous-estimé...

De fait, seuls 25 % des patients présentant un trouble du sommeil (voir encadré page 28) exprimeront une plainte par rapport à celui-ci. Chez les médecins généralistes, les éventuelles demandes des patients concernant leur sommeil sont incidentes. Elles constituent rarement un motif de consultation en soi. "Il me faudrait aussi quelque chose pour dormir" : c'est bien souvent ce qu'entendent les médecins lors du renouvellement d'un traitement pour une affection chronique, hypertension artérielle par exemple, au moment de rédiger leur ordonnance. Une petite...

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