© Arthur Junier

Quel dialogue social pour la prévention ?

par Nathalie Quéruel, rédactrice en chef adjointe / avril 2023

L’année 2023, c’est l’heure du renouvellement pour de nombreux CSE. Et le bilan n’est pas brillant, selon le dernier rapport du comité d’évaluation des ordonnances Macron, qui a été prié… de ne plus donner son avis. La disparition du CHSCT, dont l’instance unique hérite des prérogatives, et le dessaisissement de la loi au profit du dialogue social en entreprise, au moment où le rapport de force y était le plus déséquilibré, ne se sont pas traduits par des avancées en faveur de la santé au travail, tant s’en faut. L’effacement des enjeux de prévention, noyés dans les ordres du jour pléthoriques des réunions plénières, comme l’indigence des accords sur la qualité de vie au travail, aux mesures essentiellement cosmétiques, en témoignent. Ainsi, ce dialogue social, qui occupe fort inconsidérément représentants du personnel et DRH, tourne à vide, sans parvenir à changer le quotidien des salariés.
Dans ce contexte, il n’est pas aisé de renverser la vapeur. Sauf à rappeler que, sur les conditions de travail, il n’y a pas de plan B, tant les échanges et confrontations de points de vue sont constitutifs d’une démarche de prévention efficace. Une priorité s’impose : nourrir la discussion des réalités du terrain, en recueillant la parole des premiers concernés. Des ressources existent pour accompagner les élus du personnel. Lesquels, même si c’est par le chas d’une aiguille, ont la possibilité d’inviter les questions du travail dans toute négociation collective.

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Pas facile de jouer collectif en salle des profs

par Fanny Marlier / avril 2023

Entre une organisation pyramidale et des collectifs de travail en berne, les enseignants vivent un malaise profond. La crispation des relations avec la hiérarchie, proche ou lointaine, en est un signe. En cause, l’absence d’espaces pour échanger au quotidien.

« Une véritable école de la défiance. » C’est l’un des principaux constats révélés par une enquête sur le climat scolaire réalisée à l’initiative de l’Autonome de solidarité laïque (ASL), qui a sondé les états d’âme d’environ 9 000 enseignants du secondaire en 2022. Dix ans après sa première enquête, l’association pointe un « effondrement de la qualité des relations entre adultes, en lien avec une remise en cause très forte des hiérarchies, autant proches que lointaines ». Pour Benjamin Moignard, chercheur en sciences de l’éducation et coauteur de l’étude, les motifs de cette situation dégradée sont à chercher du côté de « l’organisation pyramidale de l’Education nationale », à laquelle il faut ajouter « la difficulté à créer un collectif de travail ».
Les tensions se cristallisent notamment avec les chefs d’établissements : 48 % des personnes interrogées « perçoivent une mauvaise qualité de la relation enseignants- direction ». « La structure très descendante » crée, quant à elle, un « sentiment d’infantilisation » encore plus fort qu’il y a dix ans. « Les enseignants souffrent de n’être que très peu considérés pour penser les évolutions de leur métier, souligne Dominique Cau...

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