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Ce travail qui plombe le sommeil

par François Desriaux / juillet 2015

Dis-moi comment tu dors et je te dirai comment est ton travail... Il est maintenant bien établi que la plupart des contraintes physiques et psychiques de travail peuvent avoir une influence néfaste sur le sommeil, en termes de durée et de qualité. Il y a bien sûr le travail en horaires alternants, de nuit, et les longues journées. Mais pas seulement. L'insatisfaction dans son travail, le travail répétitif sous pression temporelle, la difficulté à concilier vie professionnelle et vie personnelle ou encore les efforts physiques lourds vont venir perturber le sommeil. Et c'est encore plus net avec le fait de devoir effectuer des choses que l'on désapprouve. Or ces troubles du sommeil ne sont pas bons pour la santé. Les mécanismes inflammatoires qu'ils déclenchent peuvent déboucher à la longue sur des pathologies chroniques lourdes. Ce n'est pas rien, surtout avec une population de travailleurs âgés qui augmente du fait du recul de l'âge de la retraite. S'inquiéter des troubles du sommeil chez les salariés quand on est médecin du travail ou élu de CHSCT n'est donc pas superflu. C'est même une façon de garder les yeux grands ouverts sur la santé au travail.

Prévenir la fatigue liée aux horaires atypiques

par Philippe Cabon chercheur au Laboratoire adaptations-travail-individus (Lati), université Paris-Descartes / juillet 2015

La progression des horaires de travail atypiques pose la question de leurs effets sur le sommeil, la santé et la sécurité. Des démarches innovantes, intégrant les rythmes biologiques et l'activité réelle, peuvent permettre d'améliorer leur prévention.

Le recours à des formes atypiques d'organisation horaire du travail a des effets sur la santé et la sécurité bien documentés. Parmi les plus rapportés, on trouve les troubles du sommeil, associés à des troubles gastro-intestinaux, psychiques, des maladies cardiovasculaires, des difficultés sociales ou familiales...

Plutôt du matin ou plutôt du soir

Des conséquences sur les performances mentales ont aussi été démontrées, en particulier sur le plan de la mémoire. Ces effets tendent à augmenter avec la durée d'exposition et l'âge. Il existe par ailleurs de fortes différences individuelles dans la tolérance à ces horaires, notamment au travail dit "posté" (avec des horaires alternants sur la journée et la nuit), en fonction des besoins en durée du sommeil et des heures préférentielles de sommeil. Certains salariés sont en effet plutôt du matin ou plutôt du "soir".

Or, face aux nécessités de productivité et au développement d'offres de services 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, le recours aux horaires atypiques ne cesse de progresser dans l'industrie et le secteur tertiaire. Ces horaires atypiques recouvrent une grande variété de modalités : travail de nuit ou tôt le matin...

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