© Fanny Monier

Pour un renouveau de la santé au travail

par Stéphane Vincent / octobre 2021

Trente ans après la création de Santé & Travail, quel bilan peut-on faire de la prévention des risques professionnels ? Pour quelles perspectives ? Voilà en résumé le point de départ de ce dossier spécial. Avec un premier constat : si ces dernières décennies ont vu les connaissances s’accumuler sur les facteurs de risque liés au travail, tant psychiques que physiques, la prévention patine. Les troubles musculosquelettiques et les risques psychosociaux font désormais partie du paysage, sans qu’il semble possible d’en venir à bout. Le risque chimique est mieux pris en charge mais de nombreuses zones d’ombre demeurent. Il faut dire que l’accélération des changements dans les entreprises et institutions handicape sérieusement la prévention, qui s’inscrit sur le temps long. Il existe néanmoins des pistes pour faire mieux et autrement. Elles impliquent une réflexion plus globale sur le fonctionnement des organisations, les critères de performance, les interactions entre l’activité de travail, l’environnement, le vieillissement de la population active… Une démarche qui peut sembler théorique, complexe, mais qui pour réussir doit s’ancrer sur le terrain, sur les aspects concrets du travail réel. Comme en attestent les exemples dans les pages qui suivent : des actions en apparence limitées peuvent avoir des effets positifs plus durables que de grands chantiers. Une approche renouvelée de la prévention, modeste et ambitieuse à la fois.

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La prise en charge des TMS, un défi toujours d’actualité

par Fabien Coutarel enseignant-chercheur en ergonomie à l’université Clermont-Auvergne Agnès Aublet-Cuvelier directrice adjointe des études et recherches à l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) / octobre 2021

Si les causes des troubles musculosquelettiques (TMS) sont mieux connues, les conditions d’une prévention efficace sont souvent difficiles à réunir. En outre, de nouveaux facteurs de risques apparaissent qui justifient de continuer les travaux de recherche.

Les troubles musculosquelettiques (TMS) liés au travail sont des pathologies de l’appareil locomoteur pouvant affecter différentes zones et différents tissus du corps humain. Ce problème de santé au travail, mais aussi de santé publique du fait de son ampleur – les TMS représentent 88 % des maladies professionnelles reconnues en France par le régime général de Sécurité sociale –, fait l’objet de démarches de prévention et de travaux scientifiques depuis de nombreuses années. Les connaissances accumulées ont permis notamment de mieux identifier les multiples facteurs à l’origine de ces pathologies.
Les TMS ont été très longtemps associés à une hypersollicitation physique, en lien avec des travaux de force, des postures contraignantes, une répétitivité gestuelle, des efforts physiques sur la durée ou encore des vibrations. On sait aujourd’hui que les situations de travail délétères ne sont pas seulement celles où l’un de ces facteurs de risques se trouve à un niveau élevé. Celles où plusieurs d’entre eux sont présents à un niveau modéré sont également à risque. Au-delà de l’hypersollicitation physique, les connaissances mettent de plus en plus en avant les facteurs de risques...

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