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Services à la personne : sortir de la précarité

par Stéphane Vincent / avril 2021

Quoi de commun entre une baby-sitter, un bricoleur venu monter un meuble à domicile et une auxiliaire de vie assistant une personne âgée dépendante ? Ces métiers ont été regroupés au sein d’un même secteur, celui des services à la personne. Une construction politique qui cache mal l’hétérogénéité des activités concernées. Car si toutes s’exercent au domicile de particuliers, elles ne répondent pas aux mêmes besoins ni aux mêmes enjeux. L’aide à domicile par exemple doit faire face au vieillissement de la population et assurer le maintien de l’autonomie des plus fragiles. Les pouvoirs publics ne s’y trompent pas puisqu’ils financent en grande partie cette activité. Cela permet de déclarer les emplois et d’accorder des droits aux salariés, sujet sur lequel la France se distingue de ses voisins européens. Seulement voilà, cette reconnaissance demeure largement insuffisante. C’est le cas pour le financement public de l’aide à domicile, qui contraint les conditions de travail des personnels à un niveau difficilement compatible avec leur santé. La diversité des statuts d’emploi dans ce secteur n’est qu’une déclinaison de précarités plus ou moins importantes, qui nuisent aux conditions de vie des salariés et à la prévention des nombreux risques auxquels ils sont exposés. Ce n’est donc pas étonnant que ces métiers cumulent accidents du travail, maladies professionnelles et inaptitudes. Il est temps de changer la donne. Certains s’y emploient, comme le démontre ce dossier.

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Le quotidien précaire des services à la personne

par François-Xavier Devetter, économiste, professeur à l’université de Lille 1 / avril 2021

Les choix politiques effectués lors de la création du secteur des services à la personne ont durablement précarisé les conditions d’exercice des métiers concernés, pourtant déjà difficiles. Des pistes émergent néanmoins pour corriger la situation.

De 500 000 à 2 millions d’emplois, 4 à 6 conventions collectives, 4 types d’employeurs, un nombre plus que variable d’intitulés professionnels… Parler des services à la personne avec précision est pour le moins complexe. Peut-être tout simplement parce qu’ils n’existent pas. Ou plutôt parce qu’ils renvoient à des activités très différentes que le plan de développement des « services à la personne » de 2005, dit plan Borloo, a tenté de réunir sous une même appellation. De fait, ces services s’inscrivent dans des histoires spécifiques, attachées à des politiques publiques aux philosophies éloignées. De leur coexistence forcée découle une grande difficulté à sortir les métiers concernés de l’ornière dans laquelle ils sont aujourd’hui coincés, caractérisée par une mauvaise qualité des emplois.
Depuis le plan Borloo, la politique de l’emploi réunit au sein des services à la personne (SAP) 26 activités dont le seul point commun est de se dérouler au domicile de particuliers. On y trouve trois grands ensembles : les services liés à la perte d’autonomie des personnes âgées ou en situation de handicap, ceux d’entretien du cadre de vie (ménage, repassage, jardinage) et enfin les « autres...

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