© Fanny Monier

Pour un renouveau de la santé au travail

par Stéphane Vincent / octobre 2021

Trente ans après la création de Santé & Travail, quel bilan peut-on faire de la prévention des risques professionnels ? Pour quelles perspectives ? Voilà en résumé le point de départ de ce dossier spécial. Avec un premier constat : si ces dernières décennies ont vu les connaissances s’accumuler sur les facteurs de risque liés au travail, tant psychiques que physiques, la prévention patine. Les troubles musculosquelettiques et les risques psychosociaux font désormais partie du paysage, sans qu’il semble possible d’en venir à bout. Le risque chimique est mieux pris en charge mais de nombreuses zones d’ombre demeurent. Il faut dire que l’accélération des changements dans les entreprises et institutions handicape sérieusement la prévention, qui s’inscrit sur le temps long. Il existe néanmoins des pistes pour faire mieux et autrement. Elles impliquent une réflexion plus globale sur le fonctionnement des organisations, les critères de performance, les interactions entre l’activité de travail, l’environnement, le vieillissement de la population active… Une démarche qui peut sembler théorique, complexe, mais qui pour réussir doit s’ancrer sur le terrain, sur les aspects concrets du travail réel. Comme en attestent les exemples dans les pages qui suivent : des actions en apparence limitées peuvent avoir des effets positifs plus durables que de grands chantiers. Une approche renouvelée de la prévention, modeste et ambitieuse à la fois.

© Nathanaël Mergui-FNMF
© Nathanaël Mergui-FNMF

Risques psychosociaux : jusqu’ici… tout va mal !

par Elsa Fayner / octobre 2021

Les risques psychosociaux, dont les enquêtes rendent compte depuis le début des années 2000, ne refluent pas, malgré leur médiatisation et moult plans d’action. L’ergonome Karine Chassaing et le médecin Nicolas Sandret analysent les ressorts de cet échec.

De quoi parle-t-on quand on évoque les risques psychosociaux (RPS) ?
Karine Chassaing1 : D’abord, je ne trouve pas l’expression « risques psychosociaux » totalement adaptée car elle recouvre plusieurs aspects, de l’ordre des facteurs et de l’ordre des effets. Je préfère parler, comme beaucoup, de « dégradation du rapport psychique au travail ». Dégradation qui se traduit, au bout d’un moment, par des pathologies et des souffrances. Le terme de RPS renvoie aux conséquences d’un basculement. Celui-ci survient au moment où l’équilibre est rompu entre ce qui est demandé au salarié et ce que celui-ci perçoit de ses capacités et de ses compétences pour y répondre : il ne se sent plus capable d’accomplir ses tâches, de donner du sens à ce qu’il fait ; le rapport à son activité est dégradé. L’enjeu est alors de situer la problématique RPS dans le cadre de l’organisation du travail et des conditions de travail.
Nicolas Sandret2 : Je suis d’accord avec ce que dit Karine Chassaing et, en même temps, à la consultation...

  • 1enseignante-chercheuse en ergonomie à l’Institut national polytechnique de Bordeaux
  • 2attaché à la consultation de souffrance au travail du centre hospitalier intercommunal de Créteil

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