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Services à la personne : sortir de la précarité

par Stéphane Vincent / avril 2021

Quoi de commun entre une baby-sitter, un bricoleur venu monter un meuble à domicile et une auxiliaire de vie assistant une personne âgée dépendante ? Ces métiers ont été regroupés au sein d’un même secteur, celui des services à la personne. Une construction politique qui cache mal l’hétérogénéité des activités concernées. Car si toutes s’exercent au domicile de particuliers, elles ne répondent pas aux mêmes besoins ni aux mêmes enjeux. L’aide à domicile par exemple doit faire face au vieillissement de la population et assurer le maintien de l’autonomie des plus fragiles. Les pouvoirs publics ne s’y trompent pas puisqu’ils financent en grande partie cette activité. Cela permet de déclarer les emplois et d’accorder des droits aux salariés, sujet sur lequel la France se distingue de ses voisins européens. Seulement voilà, cette reconnaissance demeure largement insuffisante. C’est le cas pour le financement public de l’aide à domicile, qui contraint les conditions de travail des personnels à un niveau difficilement compatible avec leur santé. La diversité des statuts d’emploi dans ce secteur n’est qu’une déclinaison de précarités plus ou moins importantes, qui nuisent aux conditions de vie des salariés et à la prévention des nombreux risques auxquels ils sont exposés. Ce n’est donc pas étonnant que ces métiers cumulent accidents du travail, maladies professionnelles et inaptitudes. Il est temps de changer la donne. Certains s’y emploient, comme le démontre ce dossier.

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Une ubérisation synonyme de flexibilité et de dangers

par Catherine Abou El Khair / avril 2021

Depuis quelques années, des plateformes numériques se développent autour des services à la personne. Un modèle qui séduit par sa souplesse, mais qui ne prend pas en charge les risques professionnels, alors qu’il peut contribuer à les accroître.

« J’aime la propreté. Si les clients me laissent faire, je nettoie comme si c’était chez moi », témoigne Christine, 52 ans, auto-entrepreneuse dans le ménage. Depuis deux ans, elle travaille à plein temps exclusivement via la plateforme Wecasa, qui lui apporte la totalité de ses clients, dans toute l’Ile-de-France. Pour elle, il s’agit, ni plus ni moins, de la « meilleure nouvelle en plus de vingt ans d’exercice professionnel ». « Ce qui fait la différence, c’est l’autonomie et la tranquillité », affirme Christine, échaudée par les contraintes et l’absence de reconnaissance dans son précédent emploi salarié en tant qu’auxiliaire de vie. Payée aujourd’hui à un taux horaire net de 18 euros, selon ses calculs, elle estime largement y gagner par rapport à un emploi équivalent dans le salariat.

Une promesse d’autonomie à nuancer

Bricolage, déménagement, ménage, coiffure, baby-sitting, réparations… A la manière d’Uber ou de Deliveroo, certains sites internet mettent aujourd’hui en relation des demandeurs et des offreurs de prestations, souvent indépendants, dans le cadre d’interventions à domicile. Aucune donnée chiffrée et globale ne quantifie l’ampleur du phénomène dans le...

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