Le beurre et l'argent du beurre

par
© Gérard Monico/FNMF © Gérard Monico/FNMF
Michel Lallier syndicaliste
/ juillet 2008

Chaque jour, une nouvelle annonce du gouvernement vient, au nom du "besoin de réforme", grignoter des droits sociaux protégeant le monde du travail en général et les plus fragiles en particulier. Cela a commencé avec les franchises médicales. Une attaque en règle contre les principes de solidarité commandant qu'on finance la protection sociale en fonction de ses moyens et non pas en fonction de son état de santé. Au passage, on remarquera que l'application de ces franchises aux victimes des risques professionnels est particulièrement malhonnête.

Ensuite, il y a eu la suppression des régimes spéciaux de retraite, justifiée par le président de la République au motif qu'ils ne s'appliquaient pas aux métiers pénibles, le seul critère équitable... Résultat, les régimes spéciaux ont bien été supprimés, mais pour la pénibilité, il faudra repasser.

Et maintenant, c'est au tour des 35 heures. Souvenons-nous que la fameuse RTT n'a pas été un cadeau au même titre que les 15 milliards d'allégements fiscaux accordés aux Français les plus aisés sur leurs droits de succession. Non, pour les salariés, ces jours de temps libre ont été échangés contre du pouvoir d'achat, de la flexibilité et l'annualisation du temps de travail... Et maintenant que les entreprises ont obtenu ces contreparties, que les Français sont les champions du monde de la productivité horaire, faisons-les travailler plus, sans doute pour dégrader encore un peu leurs conditions de travail. Le beurre et l'argent du beurre. Pour le sourire de la crémière, attendez la prochaine annonce !