© Nathanaël Mergui/Mutualité française
© Nathanaël Mergui/Mutualité française

Dis-moi ce que tu fais, je te dirai de quoi tu mourras

par Guy Marasse / 22 mai 2018

Une étude de Santé publique France publiée en avril met en évidence les secteurs d’activité où l’on décède prématurément ainsi que les principales causes de ces décès. Conclusion : mieux vaut éviter de travailler dans la construction…

Dans le cadre de Cosmop, programme de surveillance de la mortalité selon l’activité professionnelle, l’agence sanitaire Santé publique France a analysé les informations relatives à une population de plus de un million et demi de travailleurs du public ou du privé. Plus précisément, des données sociales collectées par l’Insee ont été croisées avec les données des causes médicales de décès de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
L’étude indique que le risque de décès prématuré (avant l’âge de 65 ans) est davantage présent dans certains secteurs d’activité, à savoir la construction, les services personnels (blanchisserie, coiffure, soins de beauté, soins aux défunts, etc.), l’hôtellerie-restauration, ou encore les services fournis principalement aux entreprises – une catégorie essentiellement représentée, nous disent les auteurs, par les travailleurs de l’intérim.

Construction, métallurgie : davantage de décès par cancer

C’est dans les secteurs de la construction, des services auxiliaires des transports, les services fournis principalement aux entreprises ainsi que la métallurgie et le travail des métaux qu’on décède le plus par cancer. En ce qui concerne les maladies cardiovasculaires, les taux de décès les plus élevés sont observés dans le secteur des industries extractives, l’hôtellerie-restauration, l’immobilier, la location et services aux entreprises, juste avant l’industrie manufacturière, les transports et communication et le secteur de la construction. Quant à la mortalité par maladie cérébrovasculaire, on relève les taux les plus hauts dans l’hôtellerie-restauration, la construction, l’immobilier, la location et services aux entreprises et, enfin, l’industrie manufacturière.
Sans surprise, les secteurs réputés les plus accidentogènes se distinguent dans les risques de décès par accident de transport. On y retrouve bien sûr les transports terrestres, le commerce et la réparation automobiles, mais aussi, et à nouveau, la construction… C’est également dans ce dernier secteur et dans celui des transports terrestres qu’on constate un risque de décès plus important par chute accidentelle.

Plus de suicides dans le secteur de la santé et l’administration

L’étude de Santé publique France a permis de montrer que le secteur de la santé et de l’action sociale présentait le taux de mortalité par suicide le plus élevé, suivi de près par les secteurs de l’administration publique. Une fois encore, la construction se place dans le peloton de tête, en affichant un taux de mortalité par suicide parmi les plus importants !
Enfin, si le rapport de Santé publique France met en évidence des inégalités de mortalité entre les secteurs d’activité, il nous signale également qu’il est probable qu’une part de ces écarts soient liés à une répartition des catégories socioprofessionnelles différente selon les secteurs. Il vient confirmer ce qu’observent classiquement les études menées sur la population française : le taux de mortalité varie en fonction du niveau de qualification, ce taux étant plus important chez les employés et les ouvriers par rapport aux cadres.