Feux croisés sur la sous-traitance dans le nucléaire
Fin juin, l'Autorité de sûreté nucléaire a transmis à la justice un procès-verbal recensant 112 accidents du travail survenus en 2010 sur le chantier de construction du réacteur EPR à Flamanville (Manche). Parmi ces accidents, 38 n'ont pas été déclarés, selon la copie obtenue par l'AFP, et 8 concernent des ouvriers polonais employés par Atlanco. Début juillet, le parquet de Cherbourg a annoncé avoir ouvert une enquête préliminaire visant cette officine, soupçonnée " d'avoir détaché illégalement des intérimaires sur le chantier pour Bouygues ". Le géant du BTP, qui pilote le génie civil sur le chantier, a depuis rompu son contrat avec ce sous-traitant.
Les parlementaires s'inquiètent également de la sous-traitance dans le nucléaire, chez EDF et Areva. Dans leur rapport d'étape sur la sécurité nucléaire, remis le 30 juin dernier, le député socialiste Christian Bataille et le sénateur UMP Bruno Sido dénoncent un recours " à la sous-traitance en cascade " qui " aboutit à une opacité, potentiellement dommageable pour la sûreté des installations [...], puisqu'elle conduit à une dilution extrême des responsabilités et s'avère difficile à identifier ". Pour eux, ce recours massif à la sous-traitance entraîne une perte de " la culture de la radioprotection ", alors même qu'un salarié sur trois chez EDF prend sa retraite d'ici 2015. Enfin, les rapporteurs s'inquiètent des conditions de travail des prestataires extérieurs et suggèrent la mise en place sur chaque site d'un médecin du travail référent " chargé de la vérification du dossier de santé des intervenants ".