Fin de contrat pour Xavier Darcos

par François Desriaux / avril 2010

Seul poids lourd du gouvernement à faire les frais des mauvais résultats de la majorité aux élections régionales, Xavier Darcos a dû quitter le ministère du Travail, neuf mois tout rond après son arrivée. Davantage peut-être que le faible score de la liste qu'il conduisait en Aquitaine, ce sont, dit-on, ses mauvaises relations avec Matignon et le conseiller social de l'Elysée qui auraient pesé dans son éviction.

L'épisode de la publication sur le site du ministère du Travail de la liste rouge des entreprises " mauvaises élèves " dans la lutte contre le stress, celles qui n'avaient pas engagé de négociations sur sa prévention (voir article page 14), a été mal perçu dans l'entourage du Premier ministre et de la présidence de la République.

On se souvient que, au lendemain de la vague de suicides chez France Télécom, Xavier Darcos s'était saisi du dossier, estimant qu'on ne pouvait pas avoir fait campagne sur la défense de la valeur travail et ne pas être sensible à la question de la souffrance au travail des salariés.

Rondeur. L'ancien locataire de la rue de Grenelle avait fait de la santé au travail l'une de ses priorités. A peine nommé en juillet 2009, il a consacré son premier déplacement à ce thème, visitant deux entreprises de Seine-et-Marne qui avaient réalisé des investissements importants pour la prévention du risque cancérogène. Puis il a réuni à plusieurs reprises le comité permanent du nouveau Conseil d'orientation sur les conditions de travail pour lancer le chantier du deuxième plan santé-travail et la réforme de la médecine du travail.

Sa rondeur, plutôt appréciée des syndicats, tranche avec le côté plus froid et " calculette " de son successeur, Eric Woerth, qui quitte le ministère du Budget. Quatrième ministre du Travail en trois ans - un poste difficile au vu du turn-over ! -, ce dernier a pour lui d'avoir réussi l'accord sur la santé au travail dans la fonction publique, signé par la presque totalité des syndicats. Mais aussi d'avoir réussi à imposer la fiscalisation des indemnités journalières en cas d'accident du travail. Contre la volonté de Xavier Darcos.