L’état de la santé au travail en Europe en 2023

par Frédéric Lavignette / 17 novembre 2023

L’état de la santé et sécurité au travail est loin d’être satisfaisant en Europe, malgré les améliorations de ces 30 dernières années en faveur de la prévention, que ce soit au niveau de la législation, de la sensibilisation, de la formation et des incitations financières. En témoigne le rapport 2023 de l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA), qui s’appuie entre autres sur les statistiques d’Eurostat pour livrer un regard rétrospectif sur la situation.  Eurogip vient de rendre compte des résultats de cette étude dans son Focus du mois d’octobre. 
Si les accidents du travail ont diminué de 58 % entre 1998 et 2019 dans certaines activités comme l’agriculture, l’industrie manufacturière, la construction et les transports, cette baisse des accidents est en partie liée à la réduction du nombre de travailleurs dans ces secteurs impactés économiquement. L’Union européenne (UE) a tout de même compté 232 892 accidents du travail graves en 2019 entraînant une absence de plus de trois mois ou une incapacité permanente, et 3 408 accidents mortels. Autrement dit, la plus grande partie de la charge humaine et financière est due à des accidents graves mais non mortels.  
Par ailleurs, l’exposition aux tâches pénibles sur le plan ergonomique (mouvements répétitifs, port de charges lourdes, positions fatigantes…) continue de stagner : entre 40 et 75 % des travailleurs en signalent une dans l’exercice de leur profession. Et 15 à 30 % de salariés restent exposés à des risques physiques comme le bruit, les vibrations, les températures élevées ou basses, ainsi qu’à des agents chimiques et biologiques.  
Les risques psychosociaux, pour leur part, sont en augmentation en raison notamment de l’évolution des métiers administratifs, de la communication et du contact. Pour ces secteurs émotionnellement exigeants, rapporte le document, de plus en plus de travailleurs signalent « des relations difficiles avec les clients (60 %), des heures de travail longues ou irrégulières (22 %) et une mauvaise communication au sein de l’organisation (18 %).» C’est dans les pays du nord et du centre de l’UE que la question des risques psychosociaux est la plus défavorable. A l’inverse, les risques physiques et ergonomiques dominent dans les pays de l’est et du sud de l’Europe.